Beijing lance une offensive diplomatique en Europe

En dépit de divergences de fond au sujet de la crise en Ukraine, la Chine a lancé ces dernières semaines une offensive diplomatique en direction de l’Union européenne (UE), annonçant, d’après les analystes, le début d’une nouvelle ère dans les relations avec le vieux continent.

La poussée est presque sans précédent. Les autorités chinoises sont convaincues que dans les circonstances actuelles, la coopération entre l’UE et la Chine « est essentielle pour relever les défis mondiaux ».

C’est ainsi que Wang Yi, plus haut conseiller diplomatique du président Xi Jinping, vient d’achever une tournée qui l’a conduit en France, en Italie, en Hongrie, en Russie et en Allemagne, où il a pris part à la conférence de Munich sur la sécurité.

Ce mardi, le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, entame une visite d’État en Chine, qui sera axée sur la situation en Ukraine outre l’aspect économique des relations avec ce pays lié à la Chine par un partenariat stratégique.

Dans la foulée, d’autres dirigeants européens devront faire le déplacement en Chine dans les prochaines semaines dont la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, et le président du Conseil européen, Charles Michel.

L’objectif est clair pour Beijing. Il s’agit, d’une part, de renforcer le positionnement économique de la Chine dans l’après Covid-19, et d’autre part, de s’imposer comme « médiateur crédible » pour le règlement de la guerre en Ukraine, qui menace l’économie européenne.

L’ambassadeur chinois auprès de l’UE, Fu Cong, a expliqué, la semaine dernière, ces objectifs. Il s’est dit « optimiste » quant à l’avenir des relations entre les deux partenaires. Ces visites de très haut niveau devront renforcer cet optimisme tout en montrant que la crise ukrainienne « ne doit pas affecter » les relations sino-européennes, estime le diplomate.

La Chine et l’Europe sont conscientes des enjeux mais surtout du grand potentiel de coopération qui existe entre les deux parties, indiquent les analystes, qui relèvent qu’aux yeux de la partie européenne, la Chine s’impose comme partenaire économique incontournable dans une conjoncture internationale aussi volatile que difficile.

Sur ce plan économique précis, la Chine veut à tout prix ressusciter un accord global sur les investissements (AGI) conclu en 2020, mais qui attend toujours d’être ratifié.

Les analystes de la presse chinoise soulignent que la redynamisation de l’accord se heurte à des obstacles que Beijing veut surmonter, partant de sa détermination de renforcer sa politique d’ouverture de la nouvelle ère, fondée sur la mise en place de nouvelles alliances internationales face à des tensions accrues avec les Etats-Unis, la première puissance mondiale.

Le processus de ratification de l’AGI est au point mort après que Beijing a sanctionné des responsables de l’UE en réponse aux sanctions imposées par le bloc européen à la Chine concernant des violations présumées des droits de l’homme.

Les dirigeants chinois avancent que la conjoncture difficile que traverse l’économie mondiale plaide en faveur de la redynamisation de l’accord.

Lorsqu’il s’agit de relancer l’AGI, les deux parties doivent « regarder vers l’avant et tourner la page du passé » indique l’Envoyé chinois auprès de l’UE, rappelant que la Chine avait proposé à l’UE que les deux parties puissent lever les sanctions simultanément afin de baliser le chemin à la ratification de l’accord.

Cependant, les réponses de l’UE à cette proposition étaient mitigées, certains pays européens étant favorables et d’autres pensant que c’était prématuré.

« Nous sommes ouverts, et tant que la solution est basée sur le bénéfice mutuel et l’égalité, la Chine demeure disposée à l’examiner », indique M. Fu.

Dans le contexte du ralentissement économique mondial, le redémarrage de l’AGI dès que possible aura un effet positif pour les deux parties et au-delà pour l’économie mondiale, argumente-t-il, soulignant que la Chine est prête à clarifier « les préjugés et les mécompréhensions » au sujet de la question des droits de l’homme en Chine et favoriser la reprise de l’AGI.

Les divergences entre les deux camps sur les questions de droits de l’homme peuvent, selon Beijing, être discutées par des canaux spécifiques, qui ne doivent nécessairement pas être liés aux questions économiques et commerciales.

La crise ukrainienne est un autre point de discorde entre les deux parties. Sur ce registre, la Chine semble plus que jamais déterminée à s’imposer comme médiateur « crédible », se prévalant d’une diplomatie présentée comme étant « indépendante » et appelant à une solution politique au conflit.

« La Chine et l’Europe doivent renforcer la communication concernant les impacts de la guerre en Ukraine », indique le directeur du bureau de la commission des Affaires étrangères du comité central du Parti communiste.

Pour Chen Xulong, professeur à l’école des relations internationales au sein de l’université des affaires internationales et de l’économie de Beijing, les prochaines visites de dirigeants européens en Chine « sont une illustration du la stature dont jouit le pays sur la scène internationale » et soulignent la résilience des relations sino-européennes.

D’après lui, le rôle « constructif » et « responsable » que joue la Chine pour pousser vers une solution pacifique à la crise ukrainienne « est favorablement accueilli dans le monde y compris dans certains pays européens ».

La semaine dernière, la Chine a publié un document en 12 points sur le conflit en Ukraine, appelant à des pourparlers de paix ainsi qu’à une « solution politique ».

Dans ce document, la Chine appelle aussi toutes les parties à « aider la Russie et l’Ukraine à travailler dans la même direction et à rétablir le dialogue aussi vite que possible ».

ng

 
 
Auteur:
LDA Journaliste

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