Onze organisations de défense des droits de l’Homme, se disent opposées à une amnistie en faveur des auteurs de crimes graves commis durant la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011, après la décision du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, d’accorder l’amnistie à 800 personnes condamnées ou poursuivies pour des crimes commis durant ces troubles.
« Aucune amnistie ne devrait s’appliquer aux crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres graves violations des droits humains commis en Côte d’Ivoire pendant la crise post-électorale de 2010-2011 », indique une déclaration transmise mercredi à l’AIP, signée notamment par des organisations comme la Ligue ivoirienne des droits de l'Homme (LIDHO), le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), Action pour la protection des droits humains en Côte d'Ivoire (APDH), le Réseau des acteurs ivoiriens des droits humains (RAIDH), la Coalition ivoirienne des défenseurs des droits humains (CIDDH) et le Club Union africaine.
Le Forum de la société civile ouest-africain de Côte d'Ivoire (FOSCAO-CI), l’Organisation des femmes actives de Côte d'Ivoire (OFACI), Human Rights Watch (HRW), la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et Amnesty international (AI) sont également signataires de cette déclaration commune.
Pour ces structures, cette décision du chef de l’Etat est en contradiction avec ses propres engagements en faveur de la justice pris depuis 2011, dans la mesure où, relèvent-elles, parmi les personnes amnistiées, « pourraient se trouver des personnes présumées responsables des crimes les plus graves ».
« Décider, après sept années de procédure judiciaire impliquant des centaines de victimes et d’auteurs présumés, que seules soixante personnes répondront à la justice est non seulement une décision arbitraire, mais c’est aussi un geste de mépris vis-à-vis des victimes si cela permet aux auteurs présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité d’échapper aux poursuites », dénoncent en outre ces organisations.
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a annoncé, lundi dans son adresse à la Nation dans le cadre du 58ème anniversaire de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire, qu’il accordait l’amnistie à 800 personnes accusées, inculpées ou condamnées pour des crimes liés à la crise de 2010-11.
Parmi ces personnes, se trouvent l’ex-Première dame Simone Gbagbo, épouse de l’ex-Président Laurent Gbagbo, lui-même détenu à la Cour pénal internationale où il est poursuivi pour divers crimes contre l’humanité commis durant la même crise, née de son refus de céder le pouvoir à son challenger Alassane Ouattara à la suite de l’élection présidentielle de novembre 2010.
Ces violences ont fait au moins 3 000 morts et plus de 150 femmes violées.
Auteur: LDA Journaliste