Côte d'Ivoire/Résistance aux Antimicrobiens : Pierre Dimba insiste sur les chaînes d'approvisionnement et les systèmes de santé à New York

Le ministre ivoirien de la Santé, de l'Hygiène publique et de la Couverture universelle, Pierre N'gou Dimba, a participé en tant qu'invité principal à un événement d'envergure organisé par Management Sciences for Health (MSH), le lundi 23 septembre 2024, au Yale Club de New York.

Lors de cette rencontre, le ministre a abordé la problématique croissante de la résistance aux antimicrobiens (RAM), en soulignant l'importance de renforcer les chaînes d'approvisionnement et les systèmes de santé. Cet événement s'inscrivait dans le cadre de la 79e Assemblée Générale des Nations Unies, à laquelle le ministre Pierre Dimba participe aux côtés du Vice-président Tiémoko Meyliet Koné, à la tête de la délégation ivoirienne.

Une menace mondiale

La résistance aux antimicrobiens est l'un des défis sanitaires majeurs du XXIe siècle. En Côte d'Ivoire, l'usage incontrôlé d'antibiotiques, tant pour la santé humaine qu'animale, a contribué à la propagation de cette résistance, augmentant également les infections nosocomiales. Parmi les infections concernées figurent celles causées par Enterobacteriaceae, comme E. coli et la salmonelle, ainsi que les staphylocoques, responsables de pneumonies et d'infections des voies urinaires, selon les données de l'Institut Pasteur de Côte d’Ivoire.

Face à cette menace mondiale, le pays a élaboré un Plan d'Action National (PAN) de lutte contre la RAM, aligné sur le Règlement Sanitaire International (RSI, 2005), pour aborder le problème selon l’approche « Une Seule Santé ». Ce plan vise une collaboration multisectorielle durable, impliquant les parties prenantes afin de sensibiliser à la menace silencieuse de la RAM.

Une approche systémique pour combattre la RAM

Lors de son allocution intitulée « En première ligne contre la résistance antimicrobienne : une approche systémique », le ministre Dimba a rappelé l’urgence de la situation. La RAM se manifeste, lorsque les micro-organismes ne répondent plus aux traitements, créant une impasse thérapeutique dangereuse. «Les conséquences sont dramatiques, allant de la surmortalité à la fermeture d’établissements hospitaliers, sans oublier les coûts économiques et écologiques élevés », a-t-il déclaré. Il a également rappelé que, selon la Banque mondiale, si aucune action n'est entreprise, la RAM pourrait provoquer une baisse de 5 % du PIB dans les pays à faible revenu d'ici 2050, plongeant jusqu’à 28 millions de personnes dans la pauvreté.

Des efforts nécessaires

En Côte d'Ivoire, une évaluation externe menée en 2016 a montré que des efforts étaient nécessaires pour améliorer la gestion de la RAM. Les taux de résistance chez les entérobactéries productrices de bêta-lactamases ont grimpé de 9 % en 2002 à plus de 52,5 % en 2023. Parmi les facteurs aggravants figurent l’usage anarchique des antibiotiques, le non-respect des protocoles de prévention et de contrôle des infections, et la non-observance des traitements par les patients. Le ministre a également souligné les difficultés d'accès aux médicaments et aux outils diagnostiques, contribuant à la propagation de la RAM.

Des actions concrètes pour surmonter ces défis

Pour répondre à cette crise, le gouvernement ivoirien a lancé en 2018 un plan d’actions contre la RAM, actualisé pour la période 2021-2025. Ce plan vise à renforcer la réglementation concernant la prescription des antibiotiques et à améliorer l'accès aux médicaments. Des campagnes de sensibilisation sur les dangers de l'automédication et l'usage de médicaments de qualité inférieure ou falsifiés ont également été déployées pour éduquer la population.

En parallèle, le ministre Dimba a mentionné le développement d'un réseau de laboratoires à l’échelle nationale pour améliorer le diagnostic des infections. Des tests rapides pour les infections multi-résistantes seront généralisés, tandis que la formation des prescripteurs et une approche centrée sur le patient seront renforcées, en lien avec la Couverture maladie universelle.

Ainsi, la Côte d’Ivoire continue de s’engager activement dans la lutte mondiale contre la RAM, avec une approche concertée pour protéger la santé publique et assurer un avenir sanitaire plus sûr pour les générations futures.

 

Auteur: Edithe Valerie Nguekam

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