Considéré comme l’épine dorsale de la mondialisation, le transport maritime représente 80 à 90% du commerce international. En 2012, les chefs d’Etats africains décident d’améliorer le commerce interafricain, en créant une zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Objectif permettre une libre circulation des biens et personnes, les capitaux, etc, et surtout au niveau du transport maritime. En 2019, l’accord est ratifié par au moins 22 pays africains sur 55 Etats. Il a fallu attendre jusqu’en janvier 2021 pour qu'il rentre en vigueur.
Quels sont les enjeux du ZLECAf ? Comment les pays africains pourraient-ils mobiliser davantage les complémentarités intra-africaines et améliorer l’insertion du continent dans l’économie mondiale? Quels sont les défis pour la Côte d’Ivoire pour tirer profit de cet accord ? Afin de permettre à ses Alumni et partenaires d'échanger sur ces questions, la Fondation Friedrich Naumann a organisé une visite d’étude et d’échanges, le samedi 19 Juin 2021 à l'Académie régionale des sciences et techniques de la mer (ARSTM) d’Abidjan. Ces différentes interrogations ont constitué les points clés du panel qui a eu lieu autour du thème : « ZLECAf : transport maritime, enjeux économiques et liberté de circulation».
Les panélistes ont noté les difficultés de la mise en œuvre de la ZLECAF qui devrait portant être une opportunité pour les échanges interafricains.
Pour le Dr Fofana Moustapha, économiste et point focal ZLECAf du Conseil économique et social, cet accord est une opportunité pour atteindre l’objectif des pays africains qui est de parvenir à une unification et aussi stimuler la croissance de leurs économies. Suggérant, pour sa mise en œuvre effective, une harmonisation des textes sous régionaux pour une clarté des procédures douanières; la solidarité (c’est-à-dire les forts aident les plus faibles); l'instauration d'un minimum de protection des économies, etc.
«ZLECAf, c’est 1,2 milliards de personnes qui constituent 2500 milliards FCFA en termes de PIB, et place l’Afrique à la 8ème puissance mondiale », a souligné Fofana Moustapha.
Yaho Frédéric Olivier Combes, chef de département formation continue et professionnelle-ARSTM, a soutenu que l’Afrique est capable d’organiser le transport de ses marchandises d’un Etat à un autre, même s’il lui manque la logistique.
Pour Ayouba Coulibaly, chef de service reconversion et requalification-Agence Emploi Jeunes, toute forme de possibilité d’échanges comme la ZLECAf est une opportunité qui va permettre d’unir les pays africains. C’est pourquoi, il a insisté sur la complémentarité des économies africaines pour faire face à la concurrence internationale. Ajoutant que « La Côte d’Ivoire peut bien profiter de cet accord pour redynamiser son économie ».
Magloire N’Dehi, chef de bureau d’Abidjan de la Fondation, a indiqué que cet accord répond à une des valeurs chères à la fondation qui est de promouvoir la liberté des personnes. Et donc si la ZLECAf promeut la circulation des personnes, des biens et l’ouverture de l’espace aérien, elle ne peut que s’inscrire dans cette logique. D'où donner à ses Alumnis l'occasion de s’imprégner des clauses de cet accord à travers un cadre d'échanges.
Par ailleurs, une visite guidée par les Capitaines Diomandé et Soro de l'ARSTM a conduit les différents participants à l’école des ateliers moteur et feu, la salle informatique industrielle, le laboratoire électronique, la salle radio, etc.
Certes la ZLECAf est une opportunité pour les Etats africans, il ne faut pas non plus occulter les défis à relever, afin de parvenir totalement à sa mise en œuvre. En plus de la volonté politique des chefs d’Etats africains, il y a bien d’autres préalables qu’il faut lever, notamment avec la libre circulation des personnes, qu’en sera-t-il de la question de la sécurité, surtout que le continent est de plus en plus frappé par les attaques terroristes? A cela s'ajoutent la question de la valeur ajoutée sur les produits, la transformation locale, et ce qu’il faut exporter, sans oublier que les entreprises africaines doivent être capables d'aller prospecter d’autres marchés...
Il convient de faire remarquer que l’Afrique reste un acteur marginal dans le commerce international. Selon les statistiques, elle est passée de 3,2% en 2013 à 2,7 en 2019. Cette chute s’explique par l’apparition de la crise sanitaire du Covid-19, dit-on. Mais sur le continent, les échanges interafricains représentent 15 à 17 % pour 1,2 milliards d’habitants(un potentiel marché); contrairement à l’Europe qui fait 70% et l’Asie 61%.
Auteur: Daniel Coulibaly