Depuis ces dernières années, l'économie à la tâche ou « Gig Economy » s’est développée dans plusieurs secteurs d’activité, notamment les services de chauffeurs, les services personnels et de maison, les services de livraison et les soins médicaux, les métiers dits libéraux. Et cela grâce à l'innovation technologique. Au regard de cette réalité, il est plus qu’important de mener la réflexion pour tirer parti de cette nouvelle économie, en la vulgarisant et surtout anticiper les reformes.

Depuis 2021, la Fondation Friedrich Naumann en collaboration avec ses partenaires a annoncé la couleur. Une initiative qui cadre avec sa mission de promotion de l’économie de marché et des libertés économiques. Ainsi, elle a réuni des acteurs autour de la thématique "Penser le futur du marché du travail en Côte d'Ivoire" en septembre 2022. Dans la même dynamique, elle a réalisé une étude pour mieux comprendre la notion de « Gig Economy » et l'état de cette « nouvelle économie » en Côte d'Ivoire. Cette étude a permis d’entamer les premières discussions avec les acteurs de cette économie (ministères, agences, mouvements entrepreneuriaux, etc.) pour réfléchir aux enjeux de ce secteur et proposer des solutions.

Nous sommes en 2023, une autre étape qui porte sur des actions de plaidoyer politique pour l'appropriation de « Gig Economy », permettant de sortir plusieurs travailleurs indépendants du secteur informel en se penchant sur la protection sociale de ceux-ci et de mieux organiser le secteur. A cet effet, la Fondation Friedrich Naumann a organisé du 13 au 14 juin 2023 un séminaire de réflexion qui a enregistré plusieurs participants. Sous la thématique « la Gig Economy et la transformation du marché du travail ». L’objectif général était d’accompagner la transformation structurelle de l’économie du pays, et de façon spécifique réfléchir sur le contexte et les défis de la « Gig Economy », renforcer la promotion de l’économie à la tâche, promouvoir, sensibiliser et éduquer les acteurs sur l’intérêt de cette économie etc.

A l’occasion d’une conférence de presse, mercredi 14 juin, le chef de bureau de la Fondation Friedrich Naumann, Magloire N’Dehi, a exprimé toute sa gratitude à l’ensemble des acteurs qui ont apporté leur expertise à ce projet, avant d’annoncer la mise en place d’un cadre de travail, où seront réunis tous les acteurs pour un travail d’équipe. « Merci de continuer à poursuivre la réflexion », a-t-il encouragé. Par ailleurs, il a annoncé un document de plaidoyer politique pour expliquer aux gouvernants la nécessité d’accompagner l’économie à la tâche. Pour lui, asseoir les textes de règlementation de ce type de travail doit se faire de façon collégiale avec un certain nombre d'acteurs engagés dans la réalisation de ce projet. Le Dr Diomandé Moussa, président et porte-parole de la Confédération patronale unique des PME de Côte d'Ivoire (CPUPME), a salué l’initiative, et surtout d’avoir été associé à ce projet, car l’avenir se fera plus avec le travailleur indépendant payé à la tâche. De son côté, Achille Degbo, assistant du directeur général chargé de la filiation à la Couverture nationale d’Assurance Maladie, a indiqué que tous les acteurs du secteur informel doivent bénéficier d’une protection sociale, conditionnée par une déclaration à la CNPS. D’où la mise en place du Régime Social des Travailleurs Indépendants (RSTI) qui est une couverture sociale obligatoire pour cette catégorie de travailleurs en Côte d’Ivoire.

A l’issue du séminaire, on note en perspectives entre autres la mise en place d’un comité de plaidoyer et de suivi des recommandations du séminaire, l’organisation d’une campagne de vulgarisation du statut du travailleur indépendant et de sa protection sociale, un plaidoyer auprès du gouvernement pour la création d’un cadre légal et institutionnel de promotion du statut du travailleur indépendant et surtout la cartographie des métiers et professions assimilés à la Gig Economy.

Bien répandue en Europe et Amérique, rappelons que la "Gig Economy" se définit comme un écosystème permettant aux salariés ou non-salariés de se procurer des revenus dans le cadre d’emplois temporaires ou indépendants. Cette notion prend en compte tout travailleur indépendant et également appelé autoentrepreneur payé à la tâche. La Gig Economy est une opportunité pour l’Afrique en général au regard de la structure générale de son économie et la Côte d’Ivoire en particulier. Pour ce faire, il faut la formalisation d’un guide économique.